Entre les magnifiques rives de l’été de flamme, il semble meilleur de goûter l’ardente succession des heures dans l’ordre où les marque l’astre même qui les épanche sur nos loisirs. En ces jours plus larges, plus ouverts, plus épars, je n’ai foi et ne m’attache qu’aux grandes divisions de la lumière que le soleil me nomme à l’aide de l’ombre chaude de l’un de ses rayons sur le cadran de marbre qui là, dans le jardin, près de la pièce d’eau, reflète et inscrit en silence, comme s’il faisait une chose insignifiante, le parcours de nos mondes dans l’espace planétaire. À cette transcription immédiate et seule authentique des volontés du temps qui dirige les astres, notre pauvre heure humaine, qui règle nos repas et les petits mouvements de notre petite vie, acquiert une noblesse, une odeur d’infini impérieuse et directe qui rend plus vastes et plus salutaires les matinées éblouissantes de rosée et les après-midi presque immobiles du bel été sans tache.
Maurice Maeterlinck, L’Intelligence des fleurs/La Mesure des heures
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