Artigo de Ivan Radja, no Le Matin:
«Mais à quoi sert la Comco à part favoriser les monopoles?» Peter Stas, CEO de Frederique Constant, ne cache pas son indignation suite à la décision mercredi de la Commission de la concurrence (Comco) d’autoriser le Swatch Group à baisser ses livraisons de mouvements (-15%), et d’assortiments (-5%) aux entreprises tierces. Une baisse qui va jusqu’à -30% pour les fabricants de mouvements, dont la Soprod et surtout Sellita, principal concurrent d’ETA (qui appartient à Swatch Group). Indignation partagée par Alain Spinedi, CEO de Louis Erard: «C’est un scandale! Nous allons nous retrouver avec un stock de composants déjà commandés sur les bras et pas assez de mouvements. Comment assurer les ventes l’année prochaine?»
Controverse sur le calendrier
Ce qui fâche les horlogers indépendants n’est pas tant la politique du Swatch Group que le calendrier accepté par la Comco. Ces restrictions de livraisons entreront en effet en vigueur dès le 1er janvier 2012 déjà. Un délai beaucoup trop bref pour les autres acteurs du marché qui fabriquent des mouvements. Le principal, Sellita à La Chaux-de-Fonds, dépend encore en partie des pièces fournies par Nivarox, autre entité de Swatch Group, et d’une part de mouvements finis qu’elle achète à ETA. «Sellita va perdre près de 30% de sa production, estime Peter Stas. Juste au moment où les marques vont se tourner davantage encore vers elle. C’est une catastrophe qui peut avoir de graves conséquences sur l’emploi, et la porte ouverte à une mainmise du Swatch Group sur le milieu de gamme, avec ses marques comme Tissot, Longines ou Hamilton.»
L’incompréhension est d’autant plus grande que la Comco n’a pas encore effectué sa procédure de consultation, glisse un observateur. Peter Stas confirme avoir reçu un questionnaire de huit pages il y a quinze jours, avec délai de réponse en juillet. «Ils n’en ont donc pas tenu compte…» La Comco précise de son côté qu’il s’agit de mesures provisionnelles. «Nous avons décidé d’autoriser ces baisses limitées de livraisons jusqu’à fin 2012, le temps de terminer notre enquête. Si nous n’y parvenons pas, nous envisagerons de prendre des nouvelles mesures provisionnelles», explique son président Vincent Martenet. La conjoncture n’est hélas guère favorable. «Avec le franc fort, nous avons déjà assez de problèmes pour assurer les exportations», rappelle Alain Spinedi. La Comco ne pouvait-elle en tenir compte? «Ce n’est pas nous qui fixons le calendrier, mais Swatch Group. Nos mesures réagissent aux décisions de ce dernier», précise Vincent Martenet. «Est-ce bien la mission de la Comco de ne pas tenir compte des indépendants?» s’étonne Peter Stas. Comme d’autres marques qui toutes ne tiennent pas encore à parler à découvert, Peter Stas entend faire recours. Selon des sources bien informées, l’entreprise Sellita s’y prépare aussi et devrait consulter ses avocats ce lundi.
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