Est. June 12th 2009 / Desde 12 de Junho de 2009

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sábado, 19 de dezembro de 2020

Solstício de Inverno

O Solstício de Inverno ocorre na próxima segunda-feira, 21 de Dezembro. Ver aqui. A Estação vai até 20 de Março de 2021, quando começa a Primavera.

Agradeço à Maria Gomes o ter-me colocado de novo em contacto com os ensaios de Marguerite Yourcenar, contidos em "Le Temps, ce grand sculpteur", há muito lidos e esquecidos.

Nomeadamente com este, escrito em 1977

FEUX DU SOLSTICE 

Le solstice d'hiver a pour fête Noël ; Pâques, à l'équinoxe de printemps, occupe à lui seul la place des autres festivités du renouveau, comme ce Mai que les belles et les beaux du Moyen Âge célébraient en chevauchant dans la forêt ou en dansant sur l'herbe, ou ces Rogations devenues quasi surannées, l'homme de notre époque n'aimant plus assez la terre, ni le ciel, pour attirer sur l'une les bénédictions de l'autre. La Saint-Jean, fête du solstice d'été, a presque partout éteint ses feux de joie, sauf peut-être en pays Scandinaves, où l'on voit se refléter sur l'eau des lacs leurs longues flammes. Mais personne en Sicile ne guette plus, à l'aube du 24 juin, Salomé nue dansant dans le soleil levant, portant sur un plat d'or, qui lui-même est une image solaire, la tête coupée du Précurseur. 

Et certes, l'homme du désert nourri de miel et de sauterelles, le prophète brûlé par la réverbération de midi sur les roches, le prêcheur aux paroles de feu pouvait symboliser en Orient la saison ardente, et il n'y a pas jusqu'au rafraîchissant contraste de l'eau du Jourdain qui n'en rendît plus sensible l'intensité. Mais il semble que l'élément de splendeur et de sereine clarté, si lié dans nos régions tempérées à l'idée même du solstice de juin, manquât par trop à cette histoire d'ascétisme et de sang. D'autres fêtes chrétiennes, la Pentecôte, avec ses flammes mystiques, la Fête-Dieu, avec sa profusion florale et rustique autour de l'ostensoir, sont aussi des fêtes d'été ; elles n'ont jamais été senties comme les fêtes de l'Été. La saison qui en elle-même est une fête n'a pas à proprement parler de fête bien à soi. 

Il semble pourtant qu'en France nos lampions et nos feux d'artifice du 14 Juillet, aux États-Unis les débauches de pétards et de chandelles romaines du 4 juillet yankee, répondent au même vieux besoin de l'homme de reproduire sur la terre un grand épisode solaire, d'ajouter encore, s'il se peut, à cette chaleur et à cette lumière qui tombent du ciel. Et on ne regrette pas trop que les anciens feux de joie s'échelonnant de village à village ou de cime en cime, menaçant d'incendie les forêts et les hauts herbages, se soient définitivement éteints, si pittoresques qu'aient été les bonds des danseurs sautant autour des flammes ou par-dessus elles. Nos danses dans les rues et dans des bastringues, elles-mêmes quasi désuètes, en ont à leur manière pris la suite, mais désacralisées, sauf peut-être pour quelques lampées de patriotisme, motivées seulement dans la conscience claire des danseurs par quelques images d'Épinal de notre histoire. Et il se peut que l'énorme et quasi panique exode estival de nos jours soit un rite solaire qui ignore son nom.

Mais, à l'idée d'une fête du solstice, un étrange vertige nous prend, pareil à celui d'un homme qui se maintient en équilibre sur une sphère glissante. Cette pleine mesure de lumière, ce jour le plus long de l'année, qui au Cap Nord dure près de dix semaines, est aussi le moment où dans l'Antarctique la nuit règne, éclairée seulement par les feux lointains des astres. Bien plus, cette apogée signale le commencement d'une descente ; les jours désormais iront raccourcissant jusqu'au nadir du solstice d'hiver ; l'hiver astronomique commence en juin, comme l'été astronomique commence en décembre, quand les heures de lumière croissent insensiblement de nouveau jusqu'au faîte que constitue la Saint-Jean. Nous avons devant nous trois mois de prés verts, de fleurs, de récoltes, de sable chaud sur les plages, de chants dans les branches, mais le mouvement du ciel prépare déjà notre hiver, comme en plein hiver il prépare l'été. Nous sommes pris dans cette double spirale montante et descendante. « Arrête-toi, tu es si beau ! » pourrait dire Faust au solstice de juin. Il le dirait en vain. C'est en nous seuls, et encore sans trop l'espérer ni trop y croire, qu'il faut chercher la stabilité.

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