L’attente
On attend le moment de gagner la victoire
On espère l’amour, on espère la gloire
On cueille des lilas
Derniers lilas pareils à des baisers très las
On attends des baisers plus doux que cette lune
Et les fleurs du printemps tombent l’une après l’une
La couille de Japonais rôtie et remplie de chiures de mouche
Le puceron du rosier
C’est une perspective mieux que celle de Nevsky
Une couleuvre avec un archevêque
Le pape est généralissime
On a joué la Brabançonne et les nerpruns fermaient l’horizon
On portait des poteaux télégraphiques de rechange
Les alluvions les plus récentes
Ô tranchée blanche ouverte comme un œuf à la coque
Les grenouilles immobiles la tête hors de l’étang
Tes cheveux aussi doux que des morceaux de sucre
Il y a une horloge qui ne montre que le blanc de l’œil
Tes nichons rempliraient un quart de cavalerie
Escalier en spirale plus beau roman des temps modernes
Elle a des poils en fils de fer barbelés
Narines chevaux de frise
Mais où est le sycophante pour que je revoie
Au moins la figue
Cette petite fille avait le grade de commandant
Toutes tatouée des seins exactement comme des bananes
Il y a ici un ancien marin qui a sodomisé un Hindou
Le veau d’or a tiré son coup
La boulangère est avec le Sénégalais
Les cages dorées où sont les Japonaises
Nuit et nuit et les lilas qui meurent
Il faut tourner rapidement en suivant une courbe du second
degré
Pour revenir aux jours les plus charmants des jours passés
qui pleurent
Un servant
fait comme Diogène faisait et se branle devant l’Armée
il y a aussi quelqu’un
Qui se fait pomper le cyclope avec une pompe à bicyclette
Courmelois, fin mai / début juin 1915
Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou
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