Est. June 12th 2009 / Desde 12 de Junho de 2009

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quinta-feira, 26 de dezembro de 2024

Meditações - no final do ano

À la fin de l’année

de jour en jour plus bas,

il enfouit sa chaleur comme une graine

À la fin de l’année

 

I

Nous avançons toujours

Un fleuve plus épais qu’une grasse prairie

Nous vivons d’un seul jet

Nous sommes du bon port

 

Le bois qui va sur l’eau l’arbre qui file droit

Tout marché de raison bâclé conclu s’oublie

Où nous arrêterons-nous

Notre poids immobile creuse notre chemin

 

Au loin les fleurs fanées des vacances d’autrui

Un rien de paysage suffisant

Les prisons de la liberté s’effacent

Nous avons à jamais

Laissé derrière nous l’espoir qui se consume

Dans une ville pétrie de chair et de misère

De tyrannie

 

La paupière du soleil s’abaisse sur ton visage

Un rideau doux comme ta peau

Une aile salubre une végétation

Plus transparente que la lune du matin

 

Nos baisers et nos mains au niveau de nous-mêmes

Tout au-delà ruiné

La jeunesse en amande se dénude et rêve

L’herbe se relève en sourdine

Sur d’innocentes nappes de petite terre

 

Premier dernière ardoise et craie

Fer et rouille seul à seule

Enlacés au rayon debout

Qui va comme un aveu

Écorce et source redressée

L’un à l’autre dans le présent

Toute brume chassée

Deux autour de leur ardeur

Joints par des lieues et des années

 

Notre ombre n’éteint pas le feu

Nous nous perpétuons.

 

II

Au-dessous des sommets

Nos yeux ferment les fenêtres

Nous ne craignons pas la paix de l’hiver

Les quatre murs éteints par notre intimité

Quatre murs sur la terre

Le plancher le plafond

Sont des cibles faciles et rompues

À ton image alerte que j’ai dispersée

Et qui m’est toujours revenue

 

Un monotone abri

Un décor de partout

 

Mais c’est ici qu’en ce moment

Commencent et finissent nos voyages

Les meilleures folies

C’est ici que nous défendons notre vie

Que nous cherchons le monde

 

Un pic écervelé aux nuages fuyants au sourire éternel

Dans leurs cages les lacs au fond des trous la pluie

Le vent sa longue langue et les anneaux de la fraîcheur

La verdure et la chair des femmes au printemps

La plus belle est un baume elle incline au repos

Dans des jardins tout neufs amortis d’ombres tendres

Leur mère est une feuille

Luisante et nue comme un linge mouillé

 

Les plaines et les toits de neige et les tropiques luxueux

Les façons d’être du ciel changeant

Au fil des chevelures

Et toujours un seul couple uni par un seul vêtement

Par le même désir

Couché aux pieds de son reflet

Un couple illimité.

 

Paul Eluard, Facile, 1935

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