Est. June 12th 2009 / Desde 12 de Junho de 2009

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quinta-feira, 10 de novembro de 2016

Meditações - olhar o relógio sempre às mesmas horas...

L'heure qui revient

Il s’agit d’un individu qui voit tou­jours les mêmes heures affi­chées, sur les montres, les magné­to­scopes, les réveils, etc. Quand il regarde, il est tou­jours aux minutes 7, 22, 37 ou 52. Soit quatre chances sur 60, soit encore une chance sur quinze. Or, l’écart entre ces chiffres est jus­tement de 15 minutes. D’autres heures appa­raissent aussi, mais beaucoup plus rarement : heure pille (00 aux minutes), 1h23, ou n’importe quel chiffre qui se répète trois fois (2h22, 4h44…), ou bien double : (10h10, 2h12, etc.). Mais ces der­niers restent rares, ils ne sont donc pas fiables : nous n’en tien­drons pas compte pour ce qui suit. La per­sonne, pourtant, trouve ces chiffres « beaux » ou « amu­sants », et même si elle admet leur moindre fré­quence – c’est elle qui le dit - , elle ne les considère pas non plus que des heures « nor­males ». Super­stition, magie ou ésoté­risme ? Nous tâcherons plus bas d’étudier le caractère de cette personne.

Au début, quand cette faculté est venue, vers ses vingt ans, l’individu en question a été étonné, voire embar­rassé, tout en recevant cela avec amu­sement et aussi une cer­taine fierté, fierté d’être dif­férent. Mais « pour éviter de devenir fou », pour en être sûr, il a essayé de dérégler les hor­loges de sa maison, mais ça a continué, et ça continue encore, de fonc­tionner malgré ça : il les regarde tou­jours au bon moment. On parlera d’horloge interne, l’horloge bio­lo­gique, mais il s’avère que lorsqu’il demande l’heure à quelqu’un (quand il n’a pas de montre) ou quand quelqu’un d’autre, un inconnu, lui demande l’heure (quand il en porte une), il est tou­jours une heure avec l’une de ces minutes. Dans le dernier cas, qui se produit fré­quemment, il n’y a pas d’explication apparente.

Il arrive aussi qu’une per­sonne rentre chez lui, qu’il reçoit un télé­phone ou qu’une émission télé­visée se termine, il regarde l’heure, et à chaque fois, « ça marche ». Il est même capable de sentir cette « heure » venir. Alors qu’il n’a pas de montre et se promène dans une rue popu­laire avec des amis, par exemple, il peut lui arriver de demander l’heure en pariant que ce sera l’une des quatre. Au début, mais plus main­tenant, il avait parfois l’heure une minute au-​​dessus ou en-​​dessous : cela fait quand même de douze sur soixante, soit trois chances sur quinze. A part ça, il ne se trompe - qua­siment - jamais. Le seul moyen qu’il a pour le faire est de re-​​regarder l’heure quelques minutes après, ou de garder les yeux fixé sur le cadran.

Plus tard, j’ai appris que ces « chiffres » avaient com­mencé à s’étendre à tous les domaines de sa vie : heure de rendez-​​vous, numéro de série, numéro du nouvel appar­tement de sa sœur, code postal de la ville où ses parents partent démé­nager, numéro de télé­phone de son por­table, numéro de code de la carte bleu, imma­tri­cu­lation de la voiture, etc. Tout n’arrive pas d’un coup, mais len­tement, mélangé avec d’autres événe­ments où les « chiffres » n’interviennent pas. Faut-​​il donc en tenir compte ?

J’ai moi-​​même accom­pagné cet individu, et j’ai pu observer, durant des journées entières, les « coïn­ci­dences ». Démuni de montre à ces moments-​​là, il me demandait parfois l’heure, c’était une de ces « heures ». Des fois, des gens l’accostaient, lui deman­daient l’heure, se tour­naient vers moi et je regardais ma montre : les minutes affi­chaient 7, 22, 37 ou 52. Parfois, il demandait l’heure à d’autres per­sonnes que moi, leur montre pouvant être décalée par rapport à la mienne, et l’heure qu’elle leur donnait était l’une de « celles-​​là ». A Paris, des heures sont parfois affi­chées sur cer­tains monu­ments ou à côté des phar­macies : quand on les voyait, c’étaient ces « heures ». On arrivait à la gare : le pro­chain train sur notre ligne partait à x heures 7 minutes (ou 22, 37, 52). Je l’ai vu aussi prendre un billet de train pour une longue dis­tance, il veut réserver mais beaucoup d’horaires sont com­plets : il ne reste plus qu’une heure de départ ou d’arrivée qui cor­res­ponde à ces « heures ». Sur la totalité des heures perçues, ce doit faire entre 70% et 90% de concor­dances, parfois plus. Cer­tains jours, c’était même 100%. Mais il y eut donc quelques « échecs », ce qui pourrait remettre sa « croyance » en cause, n’en faire plus qu’une vue de l’esprit : seulement, 4 chances sur 60 (minutes), ça n’a jamais fait 70%, mais 6%. Avec un chiffre au dessus et un autre en-​​dessous, comme avant, on obtient 12 chances sur 60, soit 20% : nous sommes encore loin du compte.

Deux expli­ca­tions semblent alors pos­sibles (dans le cadre de la science). Ou bien il regardait subrep­ti­cement – incons­ciemment - ma montre et les heures dans la rue, avant de demander l’heure. Ou bien il per­cevait l’écoulement du temps avec une grande acuité, comme « branché » direc­tement – ou quand il le voulait – à son horloge bio­lo­gique (que nous avons tous). Cette der­nière semble la plus pos­sible, étant donné qu’une fois, ni lui ni moi n’avions de montre, quelqu’un nous demanda l’heure dans le métro, il se concentra et, fier de lui, il donna une heure (qui ne se ter­minait pas par 7, 22, 37 ou 52) : une autre per­sonne dans le métro regarda sa montre et approuva. Une des per­sonne pré­sente s’étonna de la coïn­ci­dence mais les autres n’y firent pas attention.

A ma connais­sance, ce cas n’a jamais été reporté dans les annales de la science. L’horloge bio­lo­gique, en effet, est sensée est stric­tement incons­ciente : fonc­tionnant sur des cycles de 24 heures (prin­ci­pa­lement), orches­trant la pro­duction d’hormones, très précis sur cer­tains points, il ne s’agissait cependant pas d’une « horloge avec des chiffres qu’on regarde. Il s’agirait d’une « per­ception » dif­fé­rente, peut-​​être com­pa­rable au sens de l’orientation, mais tem­po­relle au lieu d’être spatiale.

Le phé­nomène est étrange, mais l’individu aussi. Une ving­taine d’années, céli­ba­taire, il adore les jeux mathé­ma­tiques et applique une sorte de géo­métrie aux calculs astro­no­miques et aux mesures des pyra­mides d’Egypte. D’autres indi­vidus, mal­heu­reu­sement, cor­res­pondent aussi à l’ensemble des cri­tères nommés ci-​​dessus, avec les mêmes goûts, la même per­son­nalité, et ils ne voient pourtant pas ses chiffres. Surpris au début, aujourd’hui il n’y fait presque plus attention. Il ne les voit presque plus aujourd’hui.

Neimad, in Projet 22

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