domingo, 10 de novembro de 2024

Meditações - Les horloges que j’interroge serrent ma peur en leur compas

Les horloges


La nuit, dans le silence en noir de nos demeures,

Béquilles et bâtons, qui se cognent, là-bas ;

Montant et dévalant les escaliers des heures,

Les horloges, avec leurs pas ;

 

Émaux naïfs derrière un verre, emblèmes

Et fleurs d’antan, chiffres et camaïeux,

Lunes des corridors vides et blêmes

Les horloges, avec leurs yeux ;

 

Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes,

Boutique en bois de mots sournois

 

Et le babil des secondes minimes,

Les horloges, avec leurs voix ;

 

Gaînes de chêne et bornes d’ombre,

Cercueils scellés dans le mur froid,

Vieux os du temps que grignotte le nombre,

Les horloges et leur effroi ;

 

Les horloges

Volontaires et vigilantes,

Pareilles aux vieilles servantes

Boitant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas,

Les horloges que j’interroge

Serrent ma peur en leur compas.

 

Emile Verhaeren, Poèmes, Société du Mercure de France, 1895

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