sexta-feira, 16 de julho de 2021

Meditações - ll y a une horloge qui ne montre que le blanc de l’œil

L’attente


On attend le moment de gagner la victoire

On espère l’amour, on espère la gloire

On cueille des lilas

 

Derniers lilas pareils à des baisers très las

On attends des baisers plus doux que cette lune

Et les fleurs du printemps tombent l’une après l’une

La couille de Japonais rôtie et remplie de chiures de mouche

 

Le puceron du rosier

 

C’est une perspective mieux que celle de Nevsky

 

Une couleuvre avec un archevêque

 

Le pape est généralissime

 

On a joué la Brabançonne et les nerpruns fermaient l’horizon

 

On portait des poteaux télégraphiques de rechange

 

Les alluvions les plus récentes

 

Ô tranchée blanche ouverte comme un œuf à la coque

 

Les grenouilles immobiles la tête hors de l’étang

 

Tes cheveux aussi doux que des morceaux de sucre

 

Il y a une horloge qui ne montre que le blanc de l’œil

 

Tes nichons rempliraient un quart de cavalerie

 

Escalier en spirale plus beau roman des temps modernes

 

Elle a des poils en fils de fer barbelés

 

Narines chevaux de frise

 

Mais où est le sycophante pour que je revoie

 

Au moins la figue

 

Cette petite fille avait le grade de commandant

 

Toutes tatouée des seins exactement comme des bananes

 

Il y a ici un ancien marin qui a sodomisé un Hindou

 

Le veau d’or a tiré son coup

 

La boulangère est avec le Sénégalais

 

Les cages dorées où sont les Japonaises

 

Nuit et nuit et les lilas qui meurent

 

Il faut tourner rapidement en suivant une courbe du second degré

 

Pour revenir aux jours les plus charmants des jours passés qui pleurent

 

Un servant

fait comme Diogène faisait et se branle devant l’Armée

 

il y a aussi quelqu’un

Qui se fait pomper le cyclope avec une pompe à bicyclette

 

Courmelois, fin mai / début juin 1915

 

Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

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