[...] S’il a toujours été question d’argent entre les horlogers suisses et leurs clients, la priorité restait cependant à l’objet du temps lui-même – le montant (même très coûteux) nécessaire pour l’acheter n’étant qu’une des résultantes de la qualité de cet objet, de sa rareté ou de sa singularité. L’émotion née de la jouissance de ces objets du temps était d’abord culturelle avant d’être statutaire ou ostentatoire.
Avec les « années-fric » nées dans les années 1980 de la dérégulation brutale des marchés financiers, ce rapport séculaire et accepté entre la montre et l’argent s’est inversé : c’est parce qu’elles prenaient valeur comme symbole de l’argent lui-même que les montres de luxe ont été recherchées – et non plus pour leurs seuls attributs intrinsèques. Les objets du temps ne prenaient plus sens qu’à travers leur évaluation marchande : ils n’étaient plus désirables que parce qu’ils étaient chèrement tarifés ! [...]
Gregory Pons
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