Si j’osais parler après M. Locke sur un sujet si délicat, je dirais : Les hommes disputent depuis longtemps sur la nature et sur l’immortalité de l’âme. À l’égard de son immortalité, il est impossible de la démontrer, puisqu’on dispute encore sur sa nature, et qu’assurément il faut connaître à fond un être créé pour décider s’il est immortel ou non. La raison humaine est si peu capable de démontrer par elle-même l’immortalité de l’âme que la religion a été obligée de nous la révéler. Le bien commun de tous les hommes demande qu’on croie l’âme immortelle ; la foi nous l’ordonne ; il n’en faut pas davantage, et la chose est décidée. Il n’en est pas de même de sa nature ; il importe peu à la religion de quelle substance soit l’âme, pourvu qu’elle soit vertueuse ; c’est une horloge qu’on nous a donnée à gouverner ; mais l’ouvrier ne nous a pas dit de quoi le ressort de cette horloge est composé.
Voltaire, Cartas Filosóficas, Décima terceira carta sobre o Sr. Locke
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